Hop-hop-hop-hop-hop
Comme pour compléter ma laborieuse intégration et y mettre un peu plus de tripes et de sueur, j'ai rejoint les 20 000 coureurs de la SILVESTERLAUF, une course zürichoise ouverte à tout ce qui est en âge de marcher.
Notre départ s'est fait à la nuit tombée mais avec un public encore assidu bien que nous fassions partie du cinquième départ.
Des enfants, des familles, des coureurs confirmés et compétiteurs nous avaient précédés quelques heures plus tôt sur le bitume et les pavés de la ville, toujours immaculés.
La difficulté était de savoir quoi porter. Trois jours auparavant, la neige était tombée généreusement et le thermomètre affichait tout juste -5°, mais depuis, la pluie avait pris le relais et une relative douceur s'était installée.
Donc nous avons opté pour ça:
En rose, c'est moi! en fait, mon "short-cuissard-jupe"(un trois en un!) s'arrête aux genoux, c'est une précision plus esthétique que technique, juste pour expliquer qu'il y a de la jambe entre le truc noir et les socquettes et que je ne suis pas aussi courte qu'il n'y paraît!
Une veste par dessus tout ça et le tout emballé dans un sac poubelle pour patienter dans le sas à l'abri du froid.
C'est sans une certaine excitation que nous rejoignons le groupe coloré de participants. J'étais impatiente de savoir à quoi pouvait ressembler ici une foule en délire.
Très dubitative sur la capacité des zürichois à exprimer un engouement, je m'attendais à de tièdes encouragements mais fus surprise par l'audace de déguisements. En effet certains avaient fait les frais de cornes bleues (un mixte de Schtroumpf-Belzébuth), des infirmières en costume, des pères-noël-zébulon rouge, et autres mythes à la sauce zürichoise.
les photos ne sont pas d'excellente qualité car prise avec un portable la nuit...
Nous, en sac poubelle,
les gens nous ont observés comme si nous étions déguisés, la pratique du sac poubelle n'est pas usité ici semble-t-il, sans doute leur pathologique tri des déchets, on a donc du les perturber...
Le défi du jour :
courir les 8km600 qui nous séparent de la ligne d'arrivée le plus rapidement possible,... tant qu'à faire.
Nous voilà partis à la fin du compte à rebours en suisse allemand, en même temps, ça ne demande pas de talents de linguiste particuliers, on suit juste le mouvement de foule qui nous embarque bon an mal an pour 4 boucles, les 8,600km réglementaires.
Les commentaires, j'ai rien compris, mais un type à la Zitrone crachotait dans un micro les premiers mètres, puis plus rien.
Concentrée, dans la nuit, avec les éclairages de la ville qui se reflétaient sur les routes luisantes des dernières pluies, je longeais la Limmat laissée sur ma gauche, puis virage en S et un arbre de gosses qui chantent des chants de noël, on poursuit à droite puis une montée, un pont, on longe un édifice, on tourne à droite en évitant la botte de paille, on dévale la rue piétonne bordée de vitrines que je n'ai pas le temps de lécher, tout droit et re- à gauche à droite, et tout de suite à gauche et on frôle la Bahnhofstrasse sur quelques mètres, on monte la rue à gauche où un homme avec une grosse cloche autour du cou nous encourage de ses tintements vachement en rythme, puis à droite et re- à gauche tout droit sur la Bahnhofstrasse virage à gauche, un pont franchi et voilà le deuxième tour qui s'amorce semblable au premier.
La Limmat à main gauche, virages, l'arbre de gosses qui chantent, des badauds, des chiens, des coureurs partout. On me double. Là le bonnet rouge, faut que je me le fasse. Au bout de la montée, je l'ai doublé. Maintenant c'est la queue de cheval blonde, vache, elle allonge la foulée. ça descend, faut que je récupère nan faut relancer!, on est aux coudes à coudes. Pffft, elle en a sous le pied et me plante au prochain virage.
Un vieil homme grand et sec semble à bout de force et avance bras recroquevillés, épaules coincés sous les oreilles, il passera pas noël !
Maintenant j'ai chaud, encore 2 tours et basta.
Je poursuis la troisième boucle, les gosses ne chantent plus, les dames en conversation au premier tour n'ont pas bougé, comme posées là devant leur porte, ça sent le fromage fondu et la saucisse grillée, beurk, je vais vomir....ça y est je traverse l'homme-cloche., allez c'est le dernier tour, la Limmat tout droit, on change de rive, on grimpe vers l'édifice, les dames sont toujours là, on descend, devant moi un couple de lapins, je vois leur petite queue collée sur une jupette en tulle, bon là faut que je me fasse les lapins, haro sur les lapins, je m'accroche, et je les entends comme un bruit de fond qui m'aura accompagné pendant 50mn les hop-hop-hop-hop de la foule pas en délire mais très présente tout de même. Ouuuuuuuuuuuuui, je les ai zigouillés tous les 2, hop, l'incontournable cloche, hop la Bahnhofstrasse, hop oups encore un peu et je récidivais pour un cinquième tour, demi-tour droite et ce sont les derniers mètres.
une banane et une bouteille d'eau plus tard je croise plus loin les lapins qui se sont vachement vite reproduits
Hop-hop-hop...
Bravo à Lisa avec qui je récidiverai volontiers